◦ the light will shine through the rain.

i wish i could just make you turn around and see me cry
there's so much i need to say to you, so many reasons why

Blanc. Un adjectif et puis cinq lettres. Cinq lettres et puis quatre murs blancs parcourus d'une frise bleue. D'ordinaire, il avait toujours hérité d'une chambre où les quatre murs étaient blanc. La pièce actuelle qu'on lui avait attribué était d'un blanc cassé, un brin plus mate que toutes les autres. Blanc, puis blanc nuancé d'une énième couleur, il n'y avait pas beaucoup de différence. La seule constante résultait dans la réalité de son état de santé qui demeurait au centre de nombreuses discussions, au cœur de toutes les têtes y compris la tienne. Allongé sur le lit de la clinique, la tête posé sur son torse, tu peux entendre les battements de son cœur et le goutte à goutte de sa perfusion. Il te serre dans ses bras tout en caressant ton bras. Le bruit faible de la télévision en fond sonore, tu avais finis par fermer les yeux avec pour seuls petits bonheurs les battements de son cœur et des prières d'espoir pleins l'esprit. Tu n'avais jamais été particulièrement croyante ou un adepte des églises mais tu croyais à ta manière. Pour autant, tu espérais que le sort du hasard donnerait une seconde chance à Lorcan. Il était ton ami, ton partenaire mais aussi celui avait entouré ton cœur par bien des manières. Il avait réussi à briser les murs que tu avais érigés, à charmer ce dont tu avais le plus peur. Atteint d'une maladie rénale que l'on voulait en rémission depuis deux ans, il avait repris sa passion qu'est la photographie, comme autrefois. Vous aviez commencés ensemble et les projets en communs ne pourraient que s'effectuer ensemble ou pas du tout. Le talent est inné chez lui comme chez toi, pour autant c'est dans le prolongement de l'un et de l'autre que le véritable talent s'accomplissait réellement. Les projets concrets s’enchaînent au même titre que les ambitions lorsque les premières douleurs ont refait surface. Des inquiétudes et des craintes qui fleurissent pour s'accorder à la vérité que cette rémission n'était qu'une lune de miel qui ne durerait pas. L'évidence n'est pas pour toi irrévocable, rien n'est impossible à bout de persévérance et d'espérance. Tu avais toujours pensée ainsi, sans jamais douté une seule fois. C'était humain de flancher, de courber le dos de temps en temps mais tu ne pouvais pas. Il comptait sur toi et aller dans cette optique de philosophie n'aiderait personne. Hospitalisé depuis plusieurs semaines déjà, tu avais vu la lueur de combativité du jeune homme fléchir alors que son état de santé décliné doucement. Présentement, les médecins s'accordaient à la constance de l'évolution de sa maladie. Ils se devaient de le maintenir stable, le temps de trouver un donneur compatible. Une opération que Lorcan refusait d'entamer surtout en présence de ses parents et il commençait  à se fermer également à ton égard. Le menton posé sur le sommet de ta tête, il te serre davantage contre lui avant de rompre le silence presque serein qui éclairait la pièce. « Tu devrais continuer … reprendre les entraînements. ». Te murmure-t-il tout bas, sa voix quelque peu enrouée. Doucement, tu ouvres les paupières prenant la mesure de son assertion. C'était loin d'être un conseil mais plutôt un encouragement à poursuivre ton quotidien plutôt que d'être présente ici. Tu fronces légèrement les sourcils, tout en relevant la tête pour le regarder vos yeux se croisant en une approche naturelle et complice à la fois. Dans ses iris dansaient l'éclat de la nature de ses sentiments à ton égard, une brillance réciproque et véridique mais se voilait aussi derrière une inquiétude que tu pouvais déceler entre ses lignes, ses mots et ses expressions. Tu te redresses sur un coude tout en continuant de le fixer d'un air interrogateur. « Il faut que tu reprennes tes habitudes de tous les jours, ça ne fait que chambouler ta vie … Tu dois continuer. ». Son intonation trahissait ses intentions, des intentions et des pensées dont tu avais devinés les intérêts. Il voulait que tu t'éloignes, que tu prennes tes distances pour éviter de le voir sous un jour bien pire. Tu ne comprenais pas sa manière d'agir, ni même de réagir. « Pourquoi tu ne me dis pas clairement ce qui se passe ? ». Une question se perd dans son silence avant de gagner le tien. Tu te lèves, tes pieds touchant désormais le sol. Votre lien de confiance était passé par de nombreuses histoires et situations et ce même en dépit de votre jeune âge. Quelque chose clochait, il ne te disait pas tout, lui qui d'ordinaire se confiait sans aucune pudeur. Sa main se glisse dans tes cheveux lâchés qui retombent en rideau d'ébène  le long de ton dos. « Regarde-moi. ». Tu restes un instant immobile à observer le balatum fatigué de la chambre. Perdue dans un maelstrom de songes qui tourbillonnent, tu en oublies presque les propos qu'il tient. Il réitère une énième fois sa demande, une requête à laquelle ton cœur reste faible malgré tout. Son regard s'accroche au tien, mais à mi chemin entre vérité et mensonge tu sens qu'il emprunte un tout autre chemin. Il te murmure des paroles à l'oreille tandis que tu fermes les yeux, retenant les larmes qui menacent de te trahir. Ce n'est qu'en quittant l'entrée de la clinique que tu les laisses couler. Ses propos étaient aussi limpides et clairs que de l'eau de roche. Une fracture d'un lien, à laquelle tu n'avais eu d'autres explications que celle d'un fardeau supplémentaire dont il faut se soucier. Il avait raison sur un point néanmoins, tu devais reprendre le cours de ta vie là où elle c'était arrêté il y a quelques temps. Cela allait être difficile, mais après tout dans la famille on est bien loin de se laisser abattre, pas vrai ?