sio (we are running so fast and we never look back)

NOM, PRÉNOM(S): siobhan. peut-être vous attendez-vous à une signification particulière. mais non. à la place, c'était juste le prénom de ton arrière-grand-mère décédée. et de toute manière, tu t'en fiches un peu, parce qu'aujourd'hui rare sont ceux qui t'appellent ainsi, la plupart optant pour sio, tout simplement. et ton nom, healey, un nom qui remonte à des générations et des générations d'irlandais. ÂGE, DATE DE NAISSANCE, LIEU: ça fait 26 ans maintenant que tes cris hantent l'Irlande. 26 ans que Cork t'a vu naître. 26 ans depuis le 29 novembre, pour être exacte. ORIGINES, NATIONALITÉ(S): t'es purement irlandaise, même si t'aurais bien aimé avoir des traces de tous les pays du monde dans ton sang. pour te faire plaisir, ton père a souvent essayé de te faire croire que ta mère était allemano-franco-américaine, mais t'y crois pas. ÉTUDES: t'as fini tes études depuis bien longtemps et heureusement, parce que c'était vraiment pas fait pour toi. t'as fait une année en art, deux autres en langues étrangères, la première en spécialisation français et la deuxième en spécialisation allemand. mais t'as fini par arrêter, parce que t'aimais pas ça, les études, et que t'as toujours préféré apprendre sur le terrain. METIER: aujourd'hui, après avoir cherché un job dans lequel tu te sentirais épanouie, t'as finalement opté pour un travail au sein d'une ONG contre la misère, et tu t'y sens un peu comme chez toi. SITUATION FINANCIÈRE: t'es pas vraiment riche, parfois tu galères à la fin du mois. souvent même. un peu trop souvent. mais t'as un revenu vital et très pratique quand t'as besoin d'argent: tes amis. SITUATION SENTIMENTALE: officiellement célibataire, officieusement amoureuse de la vie, et encore plus officieusement, amoureuse de l'humanité en général. ORIENTATION SEXUELLE: pansexuelle, avec toi c'est comme à macdo, venez comme vous êtes. tu considères qu'il est plus important de tomber amoureuse d'une âme, plutôt que d'un corps. SITUATION FAMILIALE: t'as grandi dans une famille monoparentale, élevée par ton père et tes trois frères. Seule fille dans un univers entièrement masculin. QUE PENSEZ-VOUS DE CORK ? cork c'est la beauté, cork c'est la joie, cork c'est tes amis, c'est ta famille, c'est ton enfance. mais même si t'adores cette ville, même si t'imagines difficilement vivre tes vieux jours ailleurs que là-bas, tu as néanmoins un intense désir d'évasion tout au fond de ton coeur. DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ÊTES-VOUS À CORK ? depuis toujours, depuis une éternité, depuis trop longtemps sûrement. QUALITÉS: vivante, naturelle, câline, rigolote, joyeuse, positive, aimante, curieuse, intrépide, décomplexée. DÉFAUTS: bruyante, trop active, impulsive, impatiente, maladroite (dans sa manière de parler/mettre les pieds dans le plat), sans gêne, sans manières, vulgaire, envahissante. GROUPE: better sweet symphonie.

o1. le squattage, ça te connaît, t'as un pied à terre chez chacun de tes amis, et t'hésites pas à l'utiliser dès que t'en as envie... qu'ils le sachent ou pas d'ailleurs. o2. t'as pour objectif d'aller au moins une fois dans chaque pays du monde... et d'y traîner potentiellement d'autres personnes. o3. tu ne sors jamais sans ton caméscope et t'adores filmer tout et n'importe quoi; surtout tes amis. et encore plus quand ils sont en train de manger ou de dormir. o4. tu chantes depuis que t'es toute petite et t'adores ça, ça fait parti intégrante de ta vie, si bien qu'il n'est pas rare de te voir chantonner en marchant ou en faisant des choses et d'autres -généralement des tâches ennuyantes. o5. quand tes amis te paient un truc ou te dépannent, tu promets toujours de les rembourser. ce que tu fais. mais d'une manière qui t'es propre: en chantant, parfois une improvisation totale. et de temps-en-temps, tu vas même jusqu'à leur écrire des chansons entières. o6. t'as fait un voyage en France dans le cadre d'un projet de solidarité international, et t'as atterrit dans un foyer pour les enfants défavorisés, où t'étais chargée de les épauler, de les occuper, et de leur donner des cours d'anglais. cette expérience t'a bouleversée. o7. la nourriture, c'est ton péché mignon, il suffit que quelqu'un t'offre à manger pour que tu lui pousses direct la sérénade. o8. t'es très sensible aux injustices et ton penchant impulsif la pousse souvent à être la première à faire le pied de grue dans les manifestations. o9. demandez à ton père, il dira généralement que c'est une princesse. posez la question à tes frères, et ils vous répondront à coup sûr qu'elle a plus une attitude de camionneur que de princesse. 1o. tu vis à 300 à l'heure, c'est ton crédo, et t'hésites pas à entraîner tes amis avec toi dans ton tourbillon.

t'es arrivée un beau jour, un 29 novembre, alors qu'il neigeait dehors, que ton père était arrivé à fond de train sur le chemin verglacé. on t'attendait pas avant quelques jours, mais déjà impatiente, t'es arrivée en avance. et t'as bien fait souffrir ta mère, il faut l'avouer. mais après quelques heures de travail, tu pointais déjà ta petite tête, puis le reste de ton corps. tes cris ont résonné dans tout l'hôpital, alors que l'infirmière te plaçait dans les bras de tes parents. une famille heureuse, voilà ce que tu retrouvas. tu grandis dans une famille relativement heureuse, avec tes parents et tes frères. jusqu'à ce qu'un matin, ta mère vous annonce ton départ. de ça, t'en gardes pas vraiment de souvenir. t'avais quatre ans après tout. ta mère est parti, ton père vous a gardé. mais au fond, personne n'en a jamais véritablement voulu à ta génitrice - même ton père a réussi à lui pardonner. et avec du recul, même si t'as pas gardé de souvenir d'elle, tu l'imagines comme une femme forte et indépendante. souvent, tu l'imagines à l'autre bout du monde, à voyager à travers les océans. t'aimes bien cette image. t'as donc été élevée dans un foyer monoparental, peuplé de garçons dont le comportement a très vite teinté sur toi. petite, tu jouais aux billes, tu jouais avec tes frères, vous vous disputiez, vous faisiez mine de vous battre. vous vous amusiez bien en somme. et de cette période, t'as hérité d'une attitude se rapprochant vaguement de celle d'un camionneur, et d'un côté bourru. si à la maison tout se passait bien, à l'école c'était une autre paire de manche. au début de la primaire tout se passait bien, tu jouais avec les garçons, les filles osaient pas t'approcher mais c'était pas grave t'avais quand même des amis. et puis les choses ont changé quand tout le monde a commencé à grandir. les garçons se sont détournés de toi parce que t'étais une fille. les filles se sont détournées de toi parce que t'étais un garçon. les gens avaient peur de toi. mais loin de te démoraliser, ça te poussait à continuer à agir comme d'habitude.

pendant les vacances d'été suivant ta dernière année de primaire, ton père décida, pour gagner un peu de répit et t'occuper, de t'envoyer en colonie. une colonie où plusieurs activités artistiques étaient proposés : chant, danse, dessin. t'as choisi le chant par curiosité. et tu t'es trouvée une passion. les animateurs et même les autres enfants furent étonnés devant le zèle que tu mis à ton apprentissage. en rentrant, tu as directement couru dans les bras de ton géniteur, pour lui demander de te trouver plus de cours de chant. il a accepté. tes progrès furent fulgurants. au grand dam de ta famille, tu passais des heures et des heures à t'entraîner chez toi, à chanter jusqu'à épuisement, à crier dans les oreilles de tes frères. t'étais heureuse, sur un petit nuage. tu savais ce que tu voulais être. tu voulais devenir chanteuse. si t'avais pu, t'aurais même plaqué tout le reste, du haut de ta dizaine d'années. mais tu pouvais pas. le cycle junior t'attendait, t'ouvrait ses portes. la fin des vacances, tu la vit venir comme un cauchemar. t'avais pas envie, tu hurlais, tu criais, tu refusais. mais ton père réussit à te traîner presque de force, et c'est en bougonnant que tu mis finalement les pieds à l'école. tu t'apprêtais à passer cinq années d'ennui mortel, avant de mouvoir enfin quitter le système scolaire. oui tu t'attendais à aller à l'école en traînant les pieds tous les jours. mais ce ne fut au final pas du tout le cas.

c'est au collège que t'as rencontré tara. t'avais pas une très bonne réputation à cette époque, la plupart des gens avaient un peu peur de toi. mais tara ne faisait pas partie de ces gens. vous vous êtes tout de suite très bien entendues, voire adorées. elle t'a présenté ses amis, nathan et elyes. et c'est à ce moment-là que t'as véritablement commencé à apprécier l'école. au contraire, t'étais même heureuse d'y aller. pas pour les cours qui te gonflaient déjà, mais pour ta petite bande. tu t'amusais tellement avec eux que ça aurait pu être interdit. tu passais ton temps à jouer avec eux, à les taquiner, à plaisanter, à faire le clown, à sortir. tu délaissais même tes révisions. tu t'en fichais après tout. y a que tara qui s'en fichait pas. tu aurais probablement redoublé si elle ne t'avais pas poussé à travailler au moins un minimum. au fond c'est grâce à elle que t'as réussi à passer au lycée. et heureusement. parce que tu n’imaginais pas le collège sans tes amis, tu n’imaginais absolument pas passer une nouvelle année là-bas tandis qu'eux passaient ensemble à l'étape supérieure. c'est là que le groupe s'est agrandit, accueillant sheamus. tu l'aimes beaucoup sheamus, tu le trouves drôle, même si souvent t'es bien tentée de comploter avec ses conquêtes pour lui mener la vie infernale. le temps passa. t'as continué à ne travailler que le strict minimum. t'es passée aux études supérieures, t'as même pas fini ta première année d'art tellement ça te plaisait pas. t'as enchaîné avec deux années en langues, qui ne te passionnaient pas énormément plus, mais au moins un peu. mais finalement ça aussi t'as abandonné. t'aimais bien voyager, découvrir de nouvelles cultures, apprendre de nouvelles langues. mais t'aimais pas les études. t'aimais pas rester planter sur ta chaise, à apprendre des trucs d'une manière ennuyante. tu préférais apprendre sur le terrain. probablement est-ce pour ça que t'as fini par partir.

t'avais vingt-et-un ans quand t'as contacté pour la première fois une ong. ils tentaient d'organiser des voyages en france, mais n'avaient pas suffisamment de soutiens. alors tu t'es proposée. t'as aidé à financé le projet. t'as même travaillé, pour avoir l'argent. et finalement quand il a été l'heure de partir, t'as pu t'envoler aussi. t'as dit au revoir à tout le monde, t'as même pleuré dans les bras de ta meilleure amie. mais t'étais tellement heureuse de partir. tu t'es retrouvée à marseille, dans un foyer pour enfants, où se retrouvaient des enfants victimes de violences parentales, ou trop pauvres pour rester dans leur foyer. t'as été confrontée à la pauvreté, t'as été confrontée à la violence mais surtout, t'as été confrontée à une tristesse sans nom. cette expérience t'a bouleversée. t'as essayé d'aider ces gosses du mieux que tu pouvais. tu t'es énormément attachée à eux, et c'était réciproque. t'as même rencontré l'amour là-bas. un jeune français donc le frère s'était retrouvé au foyer. vous vous entendiez bien. trop bien. quand est venu le temps pour toi de t'en aller, t'as pas voulu. c'était un déchirement atroce. dire au revoir aux enfants étaient déjà horrible en soi, et abandonner ton copain l'était tout autant. pourtant t'es partie. et vous avez rompu. mais aujourd'hui encore tu continues à envoyer des lettres en france, et ils continuent à te répondre. t'es toujours surexcitée quand tu vois une enveloppe dans la boîte aux lettres. le retour a cork a été, quant à lui, rempli de joie mais d'une certaine tristesse, aussi. t'es revenue auprès de tes amis. t'étais contente de les retrouver. mais tu pouvais pas empêcher ta tête de rester un peu là-bas. néanmoins la réalité a fini par te rattraper. t'as dû trouver un travail et après plusieurs essais ailleurs, t'as fini par être embauchée comme salariée dans une ong contre la misère. une ong en partenariat direct avec celle qui t'as parmi d'aller en france. probablement est-ce pour ça que t'as été engagée en fait. régulièrement tu te retrouves à économiser, pour te payer des voyages, n'importe où. surtout à marseille, où t'es retournée deux fois. la vie à cork est trop terne pour toi maintenant. tu l'aimes. mais tout est toujours pareil. rien ne change jamais. pourtant tu continues à y vivre, avec tes amis, à t'amuser auprès d'eux, tout en laissant de temps-en-temps ton esprit vagabonder à droite et à gauche, vers des horizons plus vaste. mais au fond t'es quand même heureuse.

Spoiler: